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La Lampe du bonheur


Matsyendra, révélateur du Tantra Kaula dans le monde des hommes, dans l’attitude (mudrâ) de la méditation de Shiva, Hampi, Inde

 

Quand on pratique la méditation de Shiva (shiva-mudrâ), les yeux et les sens grands ouverts, on ressent comme une lumière qui brille en soi et qui sort par tous les pores de la peau, par les yeux et la bouche.

Cette pratique est ainsi évoquée dans le Jeu de la conscience (Sa?vidull?sa), un hymne de Maheshvarânanda, maître du Sud de l’Inde :

avin??ini ma?galaprad?pe manasi prajvalite mah?prak??e |
bahirindriyagolakairgav?k?airavi?e??davabh?syate trilok? ||

Brille la Lampe du bonheur, l’esprit,

lumière intégrale que rien ne peut éteindre !

Alors, les trois mondes sont manifestés sans séparation,

[alors même que tout se manifeste] à travers les fenêtres des sens,

dans les champs sensoriels externes !

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Quand le mental (manas) reste silencieux à l’intérieur, les cinq sens grands ouverts vers l’extérieur, un miracle (camatkâra) se produit : le monde apparaît dans ses moindres détails, mais sans plus de séparation, sans l’idée que le monde est « à l’extérieur » et séparé de moi, Lumière intégrale qui l’éclaire et le manifeste. 

On se ressent alors comme une lumière, comme une lampe qui brille, comme un projecteur qui projette le monde en soi, comme un soleil dans un ciel radieux. C’est la Lampe du bonheur, la grande lumière (mahâ-prakâsha) qui brille en brûlant la peur et ses blessures. C’est l’expérience directe de la présence qui guérit, qui répare, qui console, qui guide et qui nourrit. C’est elle, le Guide primordial (âdi-nâtha), le refuge originel (âdi-nâtha), la pratique essentielle (âdi-yâga).

Comme le dit un maître tibétain, dans une tradition très proche du Tantra : « le monde, cette assiette ici, cette souris là, n’ont pas besoin de disparaître ». C’est juste la conscience qui s’éveille à elle-même.

P.S. : mise à jour. En lisant l’explication que donne l’Auteur de ce verset lui-même, je réalise que je me suis trompé dans ma traduction. J’ai en effet traduit manasi par « dans l’esprit », influencé en cela par Lilian Silburn qui traduit par « dans le cœur ». Or, ce faisant, on commet un grave contresens. On donne en effet l’impression qu’il s’agit de rejeter le mental (manas) à la faveur du « coeur » (?) ou de faire taire le mental. Mais l’Auteur explique au contraire qu’il n’est pas nécessaire de renoncer au mental ! Il dit : tata?ca manovimar?asy?varjan?yatvam « Et donc, il n’est pas nécessaire de renoncer au mental, à la pensée ». L’Auteur justifie cette affirmation en disant que la « roue des organes externes » dépend de l’organe interne – le mental et que, donc, il faut « nécessairement admettre » que la « Lampe du bonheur » est le mental.

Le mot vimar?a signifie « pensée ». Silburn traduit par « prise de conscience », occultant ainsi le fait que le Tantra affirme que l’absolu est Lumière (prakâsha) ET pensée (vimarsha). Toute la doctrine du Tantra à l’égard de la pensée, développée en particulier par Utpaladeva, devient incompréhensible si l’on traduit systématiquement vimarsha par « prise de conscience ». De manière générale, les traductions de Silburn occultent toujours cette dimension et rendent l’enseignement du Tantra incompréhensible. Même si son œuvre fut pionnière, on ne peut donc la recommander. J’ai donc modifié ma traduction en conséquence. Manasi est apposé au reste de la première ligne du verset, l’ensemble de la clause constituant ce que l’on appelle, dans le jargon, un « locatif absolu » : « quand… alors… ».



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