» L’espoir est une forme d’ajournement : « Demain, je serai heureux. » Ce n’est pas admissible : on sera mort avant cela ; plus le temps d’être heureux demain. « Quand je ferai plus de yoga, quand je serai plus sage, moins coléreux, plus riche, marié, divorcé, quand je mangerai moins de sucre, que je serai en meilleure forme, que j’habiterai ailleurs… seulement alors je serai heureux. » Voilà l’espoir !
Pourquoi attendre ? Qu’y aura‐t‐il de plus demain ? Rien. Je projetterai la même misère qu’aujourd’hui. Si j’arrête aujourd’hui, cela s’arrête aussi pour demain. Si je continue aujourd’hui, cela continuera demain. Je dois arrêter, maintenant, dans l’instant. J’écoute, je ressens : dans ce ressenti, le mécanisme de fuite vers l’avant, vers demain, est vu pour ce qu’il est. Donc, toujours revenir à la sensibilité du moment. Écouter l’instant sans le lier à celui d’avant ou d’après, sans le comparer, sans rien savoir, sans anticiper ni se rappeler.
L’espoir est une fuite. »
Eric Baret
De l’Abandon, Edition Les Deux Océans
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En photo : Padmapani, cuivre doré, XIIIe/XIVe siècle, Népal