Dans cet extrait de « Auprès de Nisargadatta Maharaj« , David Godman, qui a passé pas mal de temps à écouter Nisargadatta, raconte qu’on se faisait engueuler par Maharaj si on pensait qu’il fallait faire des efforts pour s’éveiller au Soi.
David Godman dit : « La simple pensée qu’il y eût quelqu’un pour faire un effort en vue d’atteindre un état spirituel était pour lui une abomination totale.«
jlr
Harriet : Pourquoi vous a-t-il invectivé, vous?
David : Je me souviens qu’une fois je tentai de lui parler de l’effort. Je pense que j’évoquai les divers efforts que j’avais fourni pour atteindre ma vraie nature. C’était peu après que j’eus commencé à le fréquenter. Je ne m’étais pas rendu compte à cette époque-là que le terme « effort » était persona non grata dans sa pièce. Il n’aimait pas du tout qu’on l’emploie. La simple pensée qu’il y eût quelqu’un pour faire un effort en vue d’atteindre un état spirituel était pour lui une abomination totale. Il semblait ressentir cela comme une absence radicale de compréhension de ses enseignements.
Quand il se mit à être fâché contre moi qui utilisait ce mot, je ne fis qu’insister, innocemment persuadé qu’il n’avait sans doute pas compris ce que je m’efforcais de dire. Plus je tentais de décrire mes « efforts » et de les justifier, plis il était indisposé à mon égard. Ce que je finis par récolter, c’était un fameux savon pour ma compréhension erronée et mon attitude défectueuse.
J’étais totalement déconcerté à ce moment-là. Je n’étais jamais tombé auparavant sur un maître qui denigrat le travail obstiné et l’effort dans une voie spirituelle. Au contraire, tous ceux que j’avais rencontrés avaient chaudement approuvé de telles activités. C’est pourquoi j’avais pensé au début qu’il avait du se produire une espèce de mal entendu. Je compris plus tard que, lorsque Maharaj parlait, il ne délivrait pas des instructions qu’il voulait qu’on suive. Il nous disait simplement qui et quoi vous étiez.
Vous étiez censé comprendre et expérimenter ce dont il parlait mais non d’en faire une pratique.
En tirer une pratique était simplement pour lui la preuve que vous n’aviez réellement pas compris ce qu’il était en train de vous dire.
Une question qui le prenait toujours à rebrousse-poil était : « Oui, Maharaj, je comprends intellectuellement ce que vous dites, mais que dois-je faire pour l’experimenter réellement ? »
David Godman, extrait de ‘Au près de Nisargadatta’