« Qui veut se soumettre le monde doit se soumettre à sa raison,
au-dessus de tout ce qu’il désire ou que les autres hommes veulent de lui.
Nul ne peut devenir parfait en amour qui n’obéit d’abord à sa raison.
Car celle-ci aime Dieu selon sa dignité, et les hommes nobles selon que
Dieu les aime, et les pécheurs selon leurs besoins.
C’est ainsi que l’âme doit tendre de toutes ses forces à la perfection de l’amour,
de l’amour inapaisable à jamais. »
Hadewichj d’Anvers, Lettre XIII
Hadewichj est l’une des trois yoginîs d’Occident, avec Margerite Porète et Madame Guyon. Les trois yoginîs d’Orient étant Jnâna Sâgara, Mangalâ Devî et Hemalekhâ.
Il n’y a pas de spiritualité solide sans exercice de la raison. Le but est « la perfection en amour », le pur amour, absolument gratuit, de Dieu pour Dieu. La raison est l’intelligence naturelle, laquelle est aussi élan vers le divin.
Cet amour pur est « inapaisable », car pourquoi l’élan vers l’infini aurait-il une fin ? C’est comme une pierre qui tombe dans un océan sans fond. Sa chute n’a pas de fin.
Cette fin sans fin se reflète dans la raison elle-même, laquelle approche de l’absolu sans jamais le saisir exactement, comme un polygone ne sera jamais un cercle, même s’il s’en rapproche au fur et à mesure que se multiplient ses côtés.