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Faut-il craindre la mort? – Eveil et philosophie, blog de José Le Roy


Socrate à la fin de l’apologie se pose la question de savoir s’il faut craindre la mort.

De deux choses l’une :

– ou bien la mort est un retour au néant, alors elle est comme un grand sommeil et c’est un pur bonheur.

-ou bien elle continue dans l’au-delà, et alors on peut converser avec les hommes les plus intéressants du monde, comme Ulysse. Et cela sera aussi un pur bonheur.

 

Dans les deux cas, la mort n’est pas à craindre.

 

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« Voici d’autres raisons d’espérer fermement que la mort est un bien.

De deux choses, l’une: ou bien celui qui est mort est réduit au néant et n’a plus aucune conscience de rien, ou bien, conformément à ce qui se dit, la mort est un changement, une transmigration de l’âme du lieu où nous sommes dans un autre lieu. Si la mort est l’extinction de tout sentiment et ressemble à un de ces sommeils où l’on ne voit rien, même en songe, c’est un merveilleux gain que de mourir. Si en effet l’on devait choisir une de ces nuits où l’on a dormi sans même avoir un songe, pour la comparer aux autres nuits et aux autres jours de sa vie, et s’il fallait après examen dire combien l’on a vécu de jours et de nuits meilleurs et plus agréables que cette nuit-là, j’imagine que non seulement les simples particuliers, mais le grand Roi lui-même trouverait qu’ils sont faciles à compter en comparaison des autres jours et des autres nuits. Si donc la mort est quelque chose de semblable, je soutiens, moi, que c’est un gain, puisqu’alors toute la suite des temps ne paraît plus ainsi qu’une seule nuit.

 

D’un autre côté, si la mort est comme un passage d’ici-bas dans un autre lieu, et s’il est vrai, comme on le dit, que tous les morts y sont réunis, peut-on, juges, imaginer un plus grand bien? Car enfin, sien arrivant chez Hadès, débarrassé de ces soi-disant juges, on doit y trouver les juges véritables, ceux qui, dit-on, rendent là-bas la justice, Minos, Rhadamante, Éaque, Triptolème31et tous ceux des demi-dieux qui ont été justes pendant leur vie, est-ce que le voyage n’en vaudrait pas la peine? Si, d’autre part, on fait société avec Orphée, Musée, Hésiode et Homère, à quel prix n’achèteriez-vous pas ce bon-heur? Quant à moi, je consens à mourir plusieurs fois, si ces récits sont vrais. Oh! pour moi surtout, quel merveilleux passe-temps que de causer là-bas avec Palamède, Ajax, fils deTélamon, et tous les héros des anciens temps qui sont morts victimes d’un jugement injuste! Je trouverais, je pense, un certain agrément à comparer mon sort au leur. Mais mon plus grand plaisir serait de passer mes jours à examiner et à questionner ceux de là-bas, comme je faisais ceux d’ici, pour voir ceux d’entre eux qui sont sages et ceux qui croient l’être, mais ne le sont pas. Combien ne donnerait-on pas, juges, pour examiner celui qui mena contre Troie la grande armée ou Ulysse ou Sisyphe ou tant d’autres, hommes ou femmes, que l’on pourrait nommer? Causer avec eux, vivre avec eux, les examiner, serait un plaisir indicible. En tout cas, chez Hadès, on est sûr de n’être pas condamné à mort pour cela, et non seulement on y est de toutes manières plus heureux qu’ici, mais encore on y est désormais immortel, du moins si ce qu’on dit est vrai. »

Sorctae dans L’apologie de Socrate de Platon





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Rédiger par Eveil et philosophie

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