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 » La joie a quelque chose d’expansif qui permet jusqu’a? un certain point de se …


 » La joie a quelque chose d’expansif qui permet jusqu’a? un certain point de se libe?rer d’une histoire. Quand vous rencontrez votre nouvel amant et que vous e?tes tre?s heureuse avec lui, il y a quelques instants ou? vous e?tes sans histoire, ou? vous e?tes sans amant, ou? vous e?tes sans vous-me?me il y a uniquement un contentement. Ensuite, bien su?r, vous attribuez cela a? l’histoire.

La joie a cette capacite? de momentane?ment faire e?clater l’histoire. C’est pour cela que dans certaines traditions, comme le Tantra du nord de l’Inde, on a parfois mis l’accent sur l’expe?rience sensorielle de joie, parce qu’elle peut jusqu’a? un certain point faire e?clater l’image. A? ce moment-la?, on demande dans l’expe?rience de se rendre compte qu’il n’y a pas d’objet, qu’il n’y a pas d’expe?rience de joie, qu’il y a uniquement joie. C’est une technique tre?s complexe, tre?s e?labore?e et qui est tre?s mal comprise. C’est une technique sur le fil du rasoir et qui est tre?s dangereuse.

Dans l’expe?rience de joie, on tourne la te?te et on se libe?re dans l’instant de l’expe?rience, on garde l’expansion sans son origine apparente.

On peut dire que, sur le plan physiologique, la joie est plus favorable que la tristesse. Elle ame?ne plus la sante? que la tristesse, peu importe l’origine. Il ne faudrait pas, intellectuellement, vouloir se libe?rer de la joie comme on se libe?re de la tristesse. Quand vous avez la joie d’un tre?s bon champagne, il faut totalement se donner a? cela.

Une tristesse aussi. Momentane?ment, on peut sugge?rer une approche sensorielle de la tristesse, mais to?t ou tard, quand il y a une tristesse, il faut vraiment en profiter. Quand il y a une souffrance, il faut vraiment totalement aller avec. Mais cela demande de?ja? une certaine forme d’inte?gration.

Au de?but, quand quelqu’un est de?pressif, il faut qu’il apprenne a? vivre avec la de?pression, mais plus tard, on ne va plus dire cela : on va dire de totalement faire un avec la de?pression. Il n’y a pas de diffe?rence avec la joie.

Toute e?motion se re?fe?re a? l’e?motion centrale ; il n’y a qu’une e?motion, c’est l’e?motion d’e?tre. La joie, la tristesse, la peur, ce sont des prolongations.

C’est pour cela qu’au the?a?tre on voit deux personnes qui s’e?gorgent, a? qui on coupe la te?te, etc. Et on sort de la? en estimant que c’est une tre?s belle pie?ce de the?a?tre. On n’est pas lie? a? l’anecdote ; la beaute? est au-dela? de l’e?ve?nement. Dans tous les ope?ras, c’est toujours dramatique, mais c’est profonde?ment heureux.

C’est pour cela que dans la statuaire de l’Orient, on ne voit que la mort, parce que la mort est profonde?ment heureuse. La musique indienne est essentiellement le ra?ga de la se?paration, de la jalousie, de la peur. Celui de la se?paration est le plus important.

Toute la peinture indienne est base?e sur la se?paration, parce que cela pointe vers l’essence des choses. On retrouve un peu l’approche tantrique, ou? l’e?motion est l’essence des choses.

Donc, si on se donne profonde?ment a? n’importe quelle e?motion, on retrouve l’essence de ce qu’il y a derrie?re l’e?motion. Mais il faut une certaine orientation pre?alable, sinon ce n’est pas possible.  »

Eric Baret

Le Sacre du Dragon Vert, Editions Almora

www.bhairava.ws

En photo : Déesse Chinnamasta, XIXe siècle, Népal, collection du Musée National des Arts Asiatiques Guimet, Paris




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  1. résumé de la chose: Toute e?motion se re?fe?re a? l’e?motion centrale ; il n’y a qu’une e?motion, c’est l’e?motion d’e?tre. La joie, la tristesse, la peur, ce sont des prolongations.

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Rédiger par Eric Baret

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