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L’auto-stoppeur illégitime – ou l’impasse du matérialisme


Le problème est que cette inférence métaphysique est intenable pour plusieurs raisons. Pour commencer, il n’y a rien quant aux paramètres des arrangements matériels – disons, la position et la vitesse des atomes constituant notre cerveau – qui permette de déduire, au moins en principe, ce que cela fait de tomber amoureux, de goûter du vin ou d’écouter une sonate de Vivaldi. Il existe un fossé explicatif infranchissable entre les quantités matérielles et les qualitésexpérientielles, que les philosophes appellent le « problème difficile de la conscience ». Beaucoup de gens ne le reconnaissent pas car ils pensent que la matière possède déjà des qualités intrinsèques, telles que la couleur, le goût, etc., ce qui est contraire au matérialisme dominant. Selon ce dernier en effet, la couleur, le goût, etc., sont tous générés par notre cerveau, à l’intérieur de notre crâne. Ils n’existent pas dans le monde, qui est supposément purement abstrait.
Deuxièmement, le matérialisme vit ou meurt avec ce que les physiciens appellent le « réalisme physique » : il doit exister un monde objectif extérieur à nous, composé d’entités aux propriétés définies, que ce monde soit observé ou non. Le problème est que les expériences des quatre dernières décennies ont maintenant réfuté le réalisme physique au-delà de tout doute raisonnable. Ainsi, à moins de redéfinir le sens du mot « matérialisme » d’une façon plutôt arbitraire, le matérialisme métaphysique est maintenant physiquement intenable.
Troisièmement, on peut faire valoir de façon convaincante que les données empiriques rassemblées sur les corrélations entre l’activité cérébrale et l’expérience interne ne peuvent pas être expliquées par le matérialisme. Il existe un modèle solide et cohérent qui associe l’altération ou la réduction du métabolisme cérébral à une expansion de la conscience, à un enrichissement des contenus expérientiels et de leur intensité ressentie. Il est pour le moins difficile de comprendre comment l’hypothèse matérialiste selon laquelle toutes les expériences sont générées par le métabolisme cérébral pourrait expliquer cela.
Enfin, d’un point de vue philosophique, le matérialisme est au moins non-parcimonieux – c’est-à-dire non économique, inutilement extravagant – et peut-être même incohérent. La cohérence et la parcimonie sont certes des valeurs quelque peu subjectives. Cependant, si nous les abandonnions, nous devrions ouvrir la porte à toutes sortes de non-sens : depuis les extraterrestres dans les Pléiades essayant de nous alerter d’une catastrophe mondiale jusqu’aux théières orbitant autour de Saturne – rien de tout cela ne peut être réfuté de manière empirique. Nous devons donc nous en tenir à ces valeurs, au prix de devoir les appliquer de manière cohérente, y compris au matérialisme lui-même.



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