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Le chant des radiateurs – Claire Davienne & Ignace Fabiani – VOLTE & ESPACE


J’ai eu le bonheur d’assister vendredi dernier à une représentation du spectacle « Le chant des radiateurs – Murmures pour voix et violoncelle ».*

Voici ce qu’en dit sa plaquette de présentation :

« Librement créé à partir d’extraits du livre Autoportrait au Radiateur de Christian Bobin, ce spectacle intimiste est né de l’envie de partager un texte qui résonne fortement en nous. Il parle du quotidien, de la vie, de la mort, de nos manières de résister ; en une valse où les mots dansent avec la musique … »

Voix : Ignace Fabiani & Violoncelle : Claire Davienne

Une véritable merveille … et les mots pour en parler me font encore défaut, ce qui est plutôt bon signe !

Une mise en scène à l’os (cf. photo), un éclairage simple & chaleureux pour envelopper l’intense présence de ces quatre-là :

  • Christian Bobin qui – ce spectacle et la communauté en expansion de ses lecteurs le prouvent – « n’est pas mort » et continue tranquillement de partager « La grande vie »
  • Claire Davienne & son violoncelle … Que pourrais-je en dire de mieux, moi qui ne suis pas musicien – simplement silence d’accueil central des harmonies périphériques – que cette phrase lue dans « Le muguet rouge » … à propos d’un violoncelle justement :

« La râpe de l’archet sur les cordes fait voler dans l’air des copeaux de lumière. »

  • Claire Davienne & ses quelques si justes questions et remarques … lancées au bon moment pour relancer & rehausser le quasi-monologue de son complice
  • Ignace Fabiani … qui de tout son corps & cœur incarne magnifiquement les morceaux choisis du texte et, plus largement, l’esprit de toute l’œuvre de Bobin. Là encore, une phrase du « muguet rouge » vient à point pour me tirer d’embarras :

« Mes mains sont ce lutrin fait pour accueillir les ailes battantes d’un livre. »

  • Et comme les Trois mousquetaires sont quatre, il ne saurait être question d’oublier un public conquis, écrin d’attention et d’admiration, de jubilation silencieuse et oui … d’amour devant tant de beauté.

« La beauté est une manière de résister au monde, de tenir devant lui et d’opposer à sa fureur une patience active. Il en va des sociétés comme des individus : le réel est toujours du côté du réfractaire, du fugitif, du résistant, de tout ce qu’on cherche à calmer, ordonner, faire taire et qui revient quand même, et qui revient encore, et qui revient sans cesse – incorrigible. »

Christian Bobin

Bref, vous aurez compris qu’il ne faut rater ce spectacle sous aucun prétexte. Deux liens à surveiller :

 

Cordialement

 

* Je dois confesser ici qu’au départ, soucieux d’organiser une soirée Bobin au printemps 2024 dans ma petite ville, j’étais surtout venu pour « profiter » d’une conférence ainsi annoncée :

« … En évoquant différents aspects de la poésie de Bobin, et en la commentant de manière fraternelle, François Garagnon nous convie à perpétuer cet élan de résistance et d’enchantement qui célèbre la beauté du monde. »

Mais la réalité de ce moment, bien qu’intéressante, fut pour moi globalement décevante : « l’effet Bobin » ne saurait passer par la trop longue et lourde accumulation d’un savoir. Son « Prier, c’est regarder vraiment » invite à l’éternelle fraîcheur d’un regard d’enfant et ne saurait non plus être récupéré par quelque religion que ce soit.

« Au fond, il faudrait débarrasser Dieu de Dieu. »

Oublier « Paris-Nécropole … » ! Encore et toujours « Le muguet rouge ».

 

 



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