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libérons les grenouilles ! – Eveil et philosophie, blog de José Le Roy


Voici un texte intéressant de Suyin Lamour qui a été posté ce jour sur Facebook.

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« Un nouveau vent souffle sur le phénomène nommé « éveil ».

Cela me met en joie, et j’ai envie d’appuyer et de soutenir ce mouvement.

J’ai cessé de partager ces deux dernières années sur les réseaux sociaux car je ne pouvais plus adhérer à une certaine mystification. Et je ne savais pas comment en parler autrement – ou tout simplement je n’osais pas.

J’en parlais cependant dans mes stages et j’entendais souvent : « merci, on a tellement besoin d’entendre ça ! »

La plupart des enseignements sur l’éveil se sont appuyés jusqu’à aujourd’hui sur l’advaïta, la tradition indienne de la non-dualité, dans la lignée de Ramana Maharshi, Nisargadatta, Krishnamurti… Qui donnent l’idée d’un état à atteindre, d’un établissement dans une équanimité absolue, un vécu impersonnel constant… Plus d’ego, plus de mental, plus d’émotions, plus de personnage…

Imprégnée de ces enseignements, j’ai cru moi aussi que c’était ça, l’éveil. Quand la Réalisation du Soi s’est produite, j’ai en effet goûté ce plan impersonnel pendant quelque temps. J’avoue, c’est top… Cependant…

Le « petit moi » est revenu. Il y a eu lutte, effort pour s’en extraire, revenir au Soi, décoller la conscience… Allers-retours épuisants et déconcertants… Incompréhension…

La lutte a pris fin quand il a été vu, depuis le Soi, que le désir de « demeurer en tant que le Soi » ne venait pas du Soi, mais du mental. C’était la garantie de ne plus jamais souffrir, c’était le Paradis, le refuge suprême.



Cependant, depuis le Soi, vivre « en tant que personnage » n’était absolument pas vu comme un problème ou une erreur ou un truc à dépasser ou à transcender ! C’était au contraire voulu, et aimé ! Le désir de l’équanimité absolue n’est pas le désir du Soi, mais celui d’une part du mental qui refuse l’inconfort émotionnel, qui refuse l’incarnation en somme. Ce qui est bien compréhensible… Mais qui est aussi un refus de la vie…

Alors depuis le Soi j’ai pris grand soin de cette part. Je l’ai remerciée, reconnue, réconfortée, rassurée. Ça a pris encore un peu de temps, mais peu à peu cette part a accepté le jeu du je, a accepté de s’incarner, de vivre pleinement la dimension humaine. Avec désormais le regard bienveillant du Soi, avec plus de détachement, avec une paix profonde et soutenante, un « fond sécure », et la joie de l’expérience.

Nous ne sommes pas des indiens. Nous n’avons pas du tout le même rapport à l’individualité que les indiens, nous ne pouvons donc pas vivre l’éveil de la même manière qu’eux.

Selon moi, l’éveil à l’occidentale est un éveil inclusif.

Oui, après la Réalisation, il peut encore y avoir des émotions, du mental, des réactions, des opinions, les conditionnements du personnage, un sens d’individualité, de la douleur (physique ou psychique), de l’inconfort, du refus… La différence avec avant, pour ma part, c’est que c’est accepté. Le sentiment d’être victime a disparu, il n’y a plus de dissociation entre « la vie » et « moi ».

Je crois qu’il y a souvent une confusion de plans. Sur le plan de l’Etre, du Soi, tout est accompli, complet, parfait, c’est un plan hors du monde, vierge de tout système de croyances et de concepts… Le véhicule humain, quant à lui, est complètement conditionné. On ne peut pas demander à une grenouille de voler… Il y a comme une « tyrannie de l’éveil » qui consiste à s’acharner sur cette pauvre grenouille pour qu’elle se transforme en colombe – à défaut de prince charmant – ou pire, qu’elle disparaisse.

Alors, avec ce nouveau vent qui souffle, j’ai envie de dire : « libérons les grenouilles ! » 

Prenons soin de notre véhicule humain, libérons-le de ses conditionnements souffrants y compris celui d’aspirer à devenir une colombe, laissons la grenouille déployer tout son potentiel de grenouille et chanter de toutes ses cordes vocales !

Pour moi la réalisation du Soi n’a pas pour but le détachement de la dimension humaine, mais son plein épanouissement. Un humain « de connaissance », c’est à dire un humain qui connaît sa nature profonde, et qui grâce à ce fond sécure peut se libérer des carcans des conditionnements pour devenir « individué », c’est à dire libre de déployer les dons et talents de sa singularité, de l’unicité miraculeuse de sa forme temporaire. Sans saisie, en harmonie avec le flot de la vie, mais pleinement et joyeusement incarné.

Tout est à la fois aussi important que vain, aussi émouvant que dérisoire… Et surtout, il y a tant d’amour à goûter et à faire danser dans cette expérience humaine ! 💗

Suyin Lamour

Parcours | Suyin Lamour





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