Pythagore en Inde, l’aube des mathématiques, critique livre

Du titre il vaut mieux ne retenir que la seconde partie, car c’est le véritable sujet traité par le livre. Ce n’est pas la faute de l’auteur s’il ne peut nous décrire avec précision le voyage de Pythagore en Inde, car nul ne sait si réellement Pythagore y a été, et d’ailleurs Pierre Brémaud semble ne pas le croire. Pratiquement rien de certain ne peut être affirmé sur Pythagore lui-même car il n’a pas laissé de texte écrit et a fait l’objet d’un culte qui a définitivement brouillé son image. Il est ainsi devenu impossible d’en parler sans se perdre en conjectures de toutes sortes sur sa vie, ses disciples, sa doctrine et ce qu’il a vraiment apporté aux mathématiques et aux sciences.

En revanche, il ne fait aucun doute qu’il y a avant Pythagore et après lui une aventure de la naissance des mathématiques. Elle ne doit pas seulement se préoccuper de la Grèce antique, mais aussi de l’Égypte, de l’Inde, de la Mésopotamie et de la Chine où les thèmes pythagoriciens que sont les nombres entiers, la géométrie du triangle rectangle, l’irrationalité de la racine de deux et la musique sont abordés. C’est dans ce monde élargi où beaucoup d’idées circulent que se constitue et prend forme la science étrange que nous appelons les mathématiques. Remettre un peu d’ordre dans cette émergence complexe, tenter en s’appuyant sur les meilleurs travaux des historiens de comprendre la construction lente et parfois incertaine des idées et rendre à chacun dans la mesure du possible ce qui lui revient, tel est le but de ce livre d’histoire.

C’est un ouvrage savant et difficile, mais en 232 pages il sait nous faire ressentir à quel point tout ce qui est devenu évident pour nous ne l’était pas et a exigé des siècles de maturations hésitantes, et à quel point déchiffrer et reconstituer le puzzle de ces temps lointains est délicat.