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Question – Qu’advient-il alors quand une socie?te? entre en guerre ? Eric Baret…


Question – Qu’advient-il alors quand une socie?te? entre en guerre ?

Eric Baret – La guerre n’est qu’une re?action, une friction d’inte?re?ts. Bien diffe?rencier la guerre et le combattant. Dans son sens traditionnel, le combattant n’est pas lie? a? l’ide?ologie de son combat. L’ide?ologie peut e?tre tre?s restrictive et le combattant e?tre un vrai combattant. A contrario, l’ide?ologie peut e?tre justifie?e et le combattant me?diocre, a? savoir quelqu’un qui re?agit par peur ou par de?sir. Le soldat qui a peur commet des massacres ; le soldat entrai?ne? fait ce qu’il a a? faire sans exaction. Les troupes d’e?lite ne les commettent que pour faire peur et, en fait, faire l’e?conomie d’autres vies, pour arre?ter la guerre ; ce n’est pas un massacre par haine, mais par strate?gie.
Le combattant n’est ni a? condamner, ni a? excuser, chacun vit en fonction de ses qualifications.
D’avoir envoye? tous ces jeunes Ame?ricains pacifistes, qui n’avaient aucune e?ducation profonde, se battre contre les guerriers redoutables que sont les Vietnamiens, correspond a? une aberration et c’est pour cela qu’il y a eu des suicides ou des gens traumatise?s. Les re?giments de la Le?gion e?tran- ge?re qui ont combattu au Vietnam comptent peu de suici- des, car ces gens avaient la compe?tence du combat, de la douleur et de la mort. Ils tuaient et ils e?taient tue?s. Les vieux le?gionnaires vivent souvent une vieillesse paisible. Tout simplement, ces gens agissaient selon leur compe?tence et leurs caracte?ristiques. Mais envoyer de jeunes appele?s, est une forme de crime typique des socie?te?s de?mocratiques.
Quand les troupes mongoles attaque?rent son monaste?re et que les soldats se pre?cipite?rent vers lui, brandissant leurs e?pe?es, Bukko les regarda et re?cita ce poe?me :
« Au paradis et sur terre, nulle part ou? se cacher.
La joie appartient a? celui qui sait que les situations Sont vides et que l’homme n’est rien.
Merveilleuse en effet, est la longue e?pe?e mongole. Fendant le vent comme l’e?clair. »
Impressionne?s les Mongols l’e?pargne?rent, ainsi que son
monaste?re.

Question – Et les objecteurs de conscience ?

Eric Baret – Si cela vient de votre profonde e?vidence, il n’y a rien a? dire. En Inde, les yogis sont objecteurs de conscience, ils ne se battent pas. Cela concerne la fonction. Dans les socie?te?s de?mocratiques, qui n’existent que par la violence, si l’arme?e doit recruter des gens dont la nature est la paix et la prie?re, c’est tout a? fait normal qu’ils soient objecteurs de conscience. Dans les socie?te?s traditionnelles, les personnes concerne?es par la poe?sie, l’art, le dessin, le rituel, ne sont pas appele?es parce que cela ne leur correspond pas. Il est tout a? fait compre?hensible qu’un pre?tre refuse de prendre une arme, et se laisse massacrer.
Mais rien ne vous oblige a? vous prendre pour un pre?tre ou un soldat. Vous ne vous prenez pour rien et c’est la situation qui vous fait l’un ou l’autre. Quand la situation disparai?t, les caracte?ristiques disparaissent. Quand un pompier sauve quelqu’un des flammes, il est courageux ; mais quand il va manger sa soupe le soir, il n’est pas courageux. Le courage est venu dans la situation et disparai?t avec. Les qualifications vous sont donne?es par la situation.
Pour des raisons fonctionnelles, la socie?te? a besoin de classifier.

Question – Comment savoir si l’on dispose d’une telle capacite? ?

Eric Baret – E?tre soldat ou musicien ne?cessite de tre?s longues ge?ne?rations. On ne devient pas musicien, on est issu d’une famille de musiciens. Les ance?tres des fre?res Dagar en Inde jouaient a? la cour de l’empereur Akhbar. Nusrat Fatehh Ali Khan, le grand chanteur pakistanais disparu re?cemment, a comme la plupart des musiciens de l’Orient plusieurs sie?cles d’he?re?dite? artistique ; pour les soldats c’est pareil, cela prend du temps.
Pour cette raison, d’un point de vue traditionnel, choisir son me?tier est un manque d’intelligence ; on est choisi par son me?tier. On n’exerce pas le me?tier que l’on aimerait faire, mais celui pour lequel on posse?de une compe?tence. Les musiciens sont choisis par la musique.
Sur un autre plan tout cela n’est qu’une histoire, si vous de?sirez vous repre?senter la socie?te?, cette repre?sentation vous apaisera. Mais to?t ou tard, vous verrez que l’he?re?dite?, la socie?te? et autres notions ne sont que bulles de savon ne?es de la peur. Dans l’absence de re?fe?rence a? soi-me?me, ces notions n’ont plus cours.

Le Sacre du Dragon Vert, Editions Almora

www.bhairava.ws




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