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Question – Quand vous e?voquez la douleur, vous dites qu’elle peut ne pas e?tre …


Question – Quand vous e?voquez la douleur, vous dites qu’elle peut ne pas e?tre douloureuse. Est-ce qu’il y a des cycles ou? la douleur peut e?tre douloureuse et d’autres ou? des accalmies se pre?sentent ? Est-ce pareil avec l’affect, comme l’agitation par exemple ?

E. B. – Avant de parler de la douleur, comme je n’ai pas eu l’expe?rience de douleurs physiques extre?mes, je ne parlerai pas de ce que je ne connais pas. Par contre, j’ai vu Jean Klein avec des douleurs extre?mes, lorsqu’il a e?te? ope?re? de la prostate et qu’il n’a pas voulu prendre d’antidouleurs. Dans cet e?tat il e?tait comple?tement vide et calme. Il de?crivait cette sensation de douleur en lui, en e?tant libre de cela. Cela ne veut pas dire que tout le monde peut se comporter ainsi.

Pour des douleurs moins importantes, qui arrivent a? la plupart d’entre nous, on peut observer que la douleur est douloureuse quand on a un affect, un lien avec elle, et que la douleur se re?duit en nous, qu’elle n’est plus douloureuse quand elle reste ce qu’elle est. C’est exactement le me?me processus pour un de?butant en yoga. On lui dit de se pencher en avant et si on lui demande comment il se sent, il re?pondra : « Je me sens tendu ». Quelques mois plus tard, si on lui fait la me?me suggestion, ge?ne?ralement il va re?pondre : « Je sens le dos tendu ». Au de?part, la personne se sent tendue, ensuite, elle sent que son dos est tendu. Quand on sent son dos tendu, on n’est pas tendu. On est l’espace dans lequel la tension au niveau du dos apparai?t. C’est la me?me chose quand on serre un poing. On sent le poing serre?, mais on n’est pas serre?. Quand le poing est desserre?, on n’est pas plus desserre?. Progressivement, cette capacite? de pouvoir sentir un poing serre? sans se sentir serre? va se propager a? toutes les re?gions du corps. A? un moment donne?, on pourra sentir des re?gions du corps tre?s tendues, sans e?tre tendu.

Ensuite, quand il y a une familiarisation avec cette approche, il y a une transposition au niveau affectif. Parfois, une e?motion se manifeste, anxie?te?, jalousie, peur, et puis, cela se fait a? notre insu. Il y a un la?cher-prise qui s’ope?re, qui ne se de?cide pas volontairement. On regarde la peur sans avoir peur.
Dans un parc d’attractions, celui qui monte dans les montagnes russes n’a pas peur, sinon il ne monterait pas, il prend du plaisir a? ressentir la peur. Quand on sent la peur, cette peur rame?ne toujours a? la joie. C’est pour cela que l’on repaye pour refaire un tour, pour de nouveau sentir la peur. Celui qui a peur ne va pas refaire un tour ou de?s le de?but, il va refuser d’y monter, car il a peur. C’est la preuve que l’on peut sentir la peur sans avoir peur, alors que si l’on a peur, elle nous de?truit. Celui qui a peur dans les montagnes russes sort traumatise?, mais celui qui paye pour sentir la peur va sortir comple?tement heureux, parce que sentir la peur sans avoir peur rame?ne toujours a? l’e?motion essentielle qui est la joie.

C’est pareil quand on va voir une pie?ce au the?a?tre. On peut y pleurer et sortir en disant : « C’e?tait magnifique ». Pourquoi ? Parce que c’est magnifique de sentir la tristesse quand on n’est pas triste. Celui qui est triste ne peut pas aller voir une pie?ce triste, parce qu’il va e?tre triste. Celui qui a une liberte? en lui-me?me peut aller voir une pie?ce triste, sentir la tristesse et dire ensuite que c’e?tait merveilleux, car la tristesse est libre d’appropriation psychologique. Toutes les e?motions rame?nent vers le cœur, vers le centre.

Cette transposition, Abhinavagupta est le premier a? l’avoir faite. Il a explique? que toutes les e?motions rame?nent a? l’e?motion essentielle, qui est la Conscience, le « je suis ». Il n’y a donc pas d’e?motion ne?gative. Les enfants jouent a? se faire peur, cela les amuse et ils dorment bien apre?s. Ceux qui font du saut en parachute peuvent e?prouver ensuite un bien-e?tre. Ils sentent la peur, mais ils n’ont pas peur. Si l’on a peur, on ne saute pas en parachute.

On peut donc sentir une e?motion sans e?tre pris par elle. C’est comme de sentir une tension sans e?tre tendu. Il y a cette transposition naturelle et la manie?re de la travailler corporellement vise justement cette transposition. Je peux me rendre compte de l’agitation, mais je ne vais pas me sentir agite?. Je peux sentir une proble?matique en moi, sans qu’elle soit conflictuelle. Cette transposition se fait organiquement, de l’e?le?ment sensoriel a? l’e?le?ment e?motionnel, et c’est l’essence du travail.

250 Questions sur le Yoga, Editions Almora

www.bhairava.ws




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Rédiger par Eric Baret

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