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« Je pense que tout doit être changé, toute l’idée de la prêtrise doit être changée. Je pense que nous devons développer un tout nouveau style de culte dans lequel il n’y a pas besoin qu’une personne hiérarchique ait une grande place centrale, une forme de culte dans laquelle tout le monde est impliqué. » (0)
“I think the whole thing needs to be changed, the whole idea of the priesthood has to be changed. I think we need to develop a whole new style of worship in which there is no need for one hierarchical person to have a big central place, a form of worship in which everyone is involved.”
« The Springs of Contemplation » ¹
Cordialement
0 – Je poursuis l’exploration de quelques citations de Thomas Merton, découvertes au hasard du wouèbe dans le prolongement du billet « Être un saint … ». Comment ne pas être frappé de l’extraordinaire clairvoyance de ce moine trappiste alors que l’institution catholique ne cesse de sombrer un peu plus profond chaque jour ?
Je colle ci-dessous deux extraits récents de Témoignage Chrétien :
« L’interpellation de Lénine est peut-être déplacée pour parler des catholiques et de leur situation, mais loin d’être incongrue tant le désarroi est grand parmi les fidèles. Ces derniers jours, l’Église de France a rajouté à son palmarès, déjà fort garni, un cardinal défaillant et un prêtre du diocèse de Rennes au profil glaçant de prédateur, et cela un an après la remise du rapport Sauvé et une assemblée de Lourdes où les prélats avaient juré que l’on ne les y reprendrait plus. La demande de réforme, émanant pendant longtemps d’organisations souvent présentées comme vieillissantes, nourrit désormais une nouvelle génération. La voici représentée, en autres, par le mouvement #SortonsLesPoubelles. Des convergences inédites se dessinent, même s’il est délicat de déterminer si la tectonique du catholicisme a réellement changé.
Certaines positions, encore hégémoniques il y a quelques années, ont déjà perdu de leur superbe. “L’Église n’est pas une démocratie.” Assurément, en théologie, elle est “mystère” ou “sacrement” … Encore faudrait-il s’entendre sur le sens de ces concepts. N’empêche que, sans séparation des pouvoirs et respect des procédures, c’est le règne de l’entre-soi des évêques et de l’arbitraire, les affaires le montrent. Les valeurs de la démocratie sont-elles plus douteuses que les procédures canoniques, dans lesquelles les clercs sont juges et parties ? “Le plus important, ce n’est pas les réformes mais l’évangélisation.” Dur de penser aujourd’hui un engagement missionnaire sans faire du catholicisme une maison sûre. C’est même la priorité. “Si vous n’êtes pas content, vous n’avez qu’à partir !” Mais n’est-ce pas d’ores et déjà le cas – et de manière silencieuse ? “Vous êtes protestants.” Et si les Églises historiques de la Réforme disposaient de ressources enviables pour éviter les problèmes, pourquoi pas, au contraire, les étudier et les reproduire plutôt que d’en faire des repoussoirs ?
Comme souvent, en contexte catholique, c’est autour du pape, in fine, que se dessinera peut-être une issue viable à cette situation de crise. Mais les propos de François sur le chemin synodal allemand ne poussent guère à l’optimisme². Le pire des scénarios pour le catholicisme se dessine-t-il : faire reposer l’identité du catholicisme sur la seule défense du ministère ordonné ouvert uniquement aux hommes célibataires ? »
- et vous signale l’existence de ce livre : « Vers l’implosion ? Entretiens sur le présent et l’avenir du catholicisme » – Danièle Hervieu-Léger et Jean-Louis Schlegel
Une fois de plus, je précise que je ne me réjouis nullement de ce naufrage du catholicisme, qui n’est en rien un « heureux naufrage ». C’est parce que je suis intimement convaincu de l’absolue nécessité de préserver le « bébé » de la spiritualité, de le cultiver & de le partager pour la survie de l’humanité de l’humain, que je n’hésite pas à dénoncer l’eau, parfois fort sale, de tous les « bains » religieux, comme avec « Spotlight » par exemple.
¹ – Comme l’explique (en anglais) le texte en lien, ce livre est issu de deux retraites animées par Thomas Merton à l’abbaye de Gethsemani fin 1967 et mi-1968, avec un groupe de nonnes contemplatives parmi les participants. Je n’ai ni assisté à cette retraite (!) ni lu ce livre, mais j’imagine assez bien quelle fécondité a pu naître de la complémentarité femmes & hommes dans cette recherche : là comme ailleurs, la femme est pour l’homme « une aide contre lui », selon l’heureuse formule d’André Chouraqui :
« … Je ferai pour lui une aide contre lui. »
Genèse 2, 18
Ces femmes et ces hommes avaient certainement conscience d’« exagérer » … mais ils ont néanmoins osé. Pas étonnant qu’il subsiste quelques doutes sur les circonstances de la mort de Merton ; bien des pseudo « puissances » devaient considérer qu’il y avait grand intérêt, « pour le peuple », à ce qu’un seul homme meure … Vieille histoire !
J’aurais tendance à penser que la CIA y avait sans doute plus intérêt que l’Église catholique … Ils ont peut-être passé un « deal » ! Thomas Merton avait 53 ans. « Son corps est ramené en même temps que ceux de militaires américains tués au Vietnam, lui qui avait tant manifesté contre cette guerre. » …
² – Ces propos alternent entre humour : « … l’Allemagne a une très bonne Église protestante, on n’a pas besoin d’une deuxième ! » et critique sévère : « … les Allemands jouent à faire un synode car ils ont oublié l’Esprit-saint ». Nous n’allons plus tarder à être fixés, vraisemblablement sur une fin de non-recevoir … Et les allemands vont continuer de déserter une église sourde & aveugle. Quel gâchis …
