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Yoga de l’espace dans le Tarn ?



 Le yoga de l’espace, connu sous différents noms dans le Tantra, dans le bouddhisme et d’autres traditions, est le pilier de la vie intérieure. Je le partage dans la Formation Tantra, dans des livres (Les Quatre yogas, chez Almora) dans  des stages et sur ce blog.

En bref, cette pratique unit la présence de soi, le corps disons, à l’espace. On reste assis, debout ou allongé, les yeux ouverts, ni les lèvres et les dents ne se touchent, comme si l’on était une sphère de cristal. Peu à peu, le Moi se mêle à l’infini, dans un mouvement sans fin vers l’immensité.

Je suis convaincu que cette pratique a existé chez les peuples d’Asie, dont nos ancêtres indo-européens, bien que je n’en n’ai pas la preuve.

Cependant, il existe des témoignages d’expérience spontanées, hors tradition. Outre le cas de Jean Jaurès que j’avais évoqué dans ce blog, je pense au poète Maurice de Guérin qui vécu dans le Tarn au XIXème siècle. Dans ces poèmes, Le Centaure ou La Bacchante, et son Journal, il évoque son expérience du yoga de l’espace, bien qu’il ne le nomme pas ainsi.

Il reconnaît d’abord dans l’incarnation une sorte d’emprisonnement. Toutefois, cet enfermement ne tient pas au corps lui-même, mais plutôt à son immobilité. Dès que la chair s’anime, une liberté absolue se découvre dans le mouvement. 

Pour perpétuer cette expérience, le mouvement doit aller jusqu’à l’infini, ne jamais cesser. Le mouvement du corps semble limité. Mais le regard, lui, peut se lancer dans l’immensité sans être interrompu.

Mais l’horizon ? Le regard n’est-il pas stoppé par l’horizon ? Et l’espace ? L’espace, vide, n’est-il pas cette étendue inerte qui sépare les êtres et les choses ?

Eh bien non, car, en vertu du pouvoir du regard plongé dans le ciel, l’espace change de nature. Ou son ressenti change. Il n’est plus vide, mais plein, plein de la présence du corps qui s’infuse en lui.

Il y a ainsi un échange (yoga) entre le corps et l’espace par le moyen du regard. L’espace donne au corps son immensité, il lui donne de pouvoir continuer sans fin son livre mouvement. Et le corps donne à l’espace sa sensibilité, son dynamisme, de sorte que l’espace s’anime et devient comme un organe de perception, à l’instar de ce que Newton croyait à propose de l’espace comme organe de la perception divine. 

De cette union résulte un mouvement sans fin, une expansion, une ouverture de conscience. L’espace devient conscience, la conscience se spatialise. L’espace n’est plus à l’extérieur du corps, qui n’est plus à l’intérieur de l’espace. L’espace devient mon corps. C’est précisément le yoga de l’espace.

Maurice de Guérin invite donc à vivre dans des espace ouverts, où « l’œil règne et se contente au vaste sein de l’onde ».

« Je voulu égaler mes regards à l’espace,

Et posséder sans borne, en égarant ma trace,

L’ouverture des champs avec celui des cieux. »



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Rédiger par Blog de David Dubois

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