Question – Jean Klein employait l’expression : « On est partout sauf dans la pos…

Question – Jean Klein employait l’expression : « On est partout sauf dans la pose ». Pouvez-vous en donner le sens ?

Eric Baret – C’e?tait pour contrer l’ide?e de se centrer sur la pose. Quand des personnes re?alisent une pose de yoga, nombre d’entre elles ont l’impression qu’il faut se concentrer sur le corps comme en gymnastique, comme un culturiste qui bande ses muscles pour sentir. Il y a une tension et elles pensent que l’intensite? de la pose, c’est de sentir cette tension. A? l’inverse, pour Jean Klein, l’intensite?, c’est la de?tente. Quand le corps est totalement de?tendu, la tension est dans la pe?riphe?rie, c’est-a?-dire dans l’espace, devant, derrie?re, a? droite, a? gauche, en haut, en bas, ce qui libe?re toute la structure neuromusculaire. Avec cette libe?ration apparai?t cette sensation organique qui alors est sentie. Mais cette sensation organique n’apparai?t qu’au moment ou? la tension s’est rela?che?e et celle-ci ne la?che que quand elle est uniquement sur la pe?riphe?rie. C’est pour cela qu’une personne en pleine crise de nerfs va se de?tendre si on lui fait prendre une douche froide ou chaude. L’eau qui touche la pe?riphe?rie de son corps ame?ne une tre?s grande de?tente, car elle de?place l’attention interne de son corps. C’est le me?me processus.

Il s’agit de voir que la pose est un mouvement d’e?nergie, une vibration qui n’est pas se?pare?e de l’environnement. Il faut absolument que le buste traverse l’espace devant, derrie?re, dessus, dessous, sur les co?te?s. Il faut remplir la pie?ce. C’est ce qui va e?tre fait avec le souffle et l’exploration tactile. Il faut s’y introduire comme un acteur qui entre en sce?ne et qui la remplit entie?rement. Il faut s’emboi?ter dans tout l’espace autour, c‘est tre?s important pour des raisons psychologiques et internes.

Des similitudes se retrouvent dans les arts de combat ou? l’on doit manger l’espace, surtout celui de son adversaire.
On ne le laisse plus respirer. La?, c’est la me?me chose, lorsque l’on finit le travail respiratoire, on a mange? tout l’oxyge?ne, tout l’espace, tout ce qu’il peut y avoir autour. Avec toute la pose, on occupe tout l’espace et la pose se libe?re inte?rieurement de toute contracture. C’est le fondement du travail technique, cette direction va e?tre amene?e de multiples manie?res.

250 Questions sur le Yoga, Editions Almora

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