Eric Baret
Question – Les pratique de yoga que j’ai connues visent à défaire les tensions, à lutter contre le stress, etc. Qu’en est-il du yoga que vous enseignez ?
Eric Baret – Vouloir mettre l’accent sur les tensions fait partie de ce qu’on appelle en Inde « la voie progressive », c’est-a?-dire la purification. Dans les voies progressives, on entretient en quelque sorte l’ide?e que la cre?ation est se?pare?e du cre?ateur.
Dans une de?marche directe telle que la nôtre, on peut momentane?ment mettre l’accent sur certains nœuds, sur certains antagonismes. Mettre l’accent, cela veut dire e?clairer ces nœuds du point de vue de notre e?coute, de la tranquillite?. Mais vouloir syste?matiquement purifier son corps et son mental est violence, projection dans le futur.
Le yoga, au contraire, s’accomplit dans l’instant. Il n’y a rien a? attendre ni a? trouver. Ce qu’on est a toujours e?te? pre?sent. Faire face aux faits, qui quittent peu a? peu leur caracte?re isole?, restrictif.
Dans cette vision qui n’attend rien, les faits observe?s, qu’il s’agisse de sensations corporelles ou d’autres e?le?ments, vous feront de?couvrir des ramifications inconnues qui se re?fe?rent a? leur environnement. Une tension qui se re?fe?re a? son environnement n’en est plus une, parce qu’une tension est se?paration. Lutter contre une tension provoque un ajournement. C’est un cercle vicieux. Vous passez toute votre vie a? vous de?tendre.
Les crocodiles ne pensent pas, Editions Almora
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