Que propose le Tantra lui-même ?
Un verset, que l’on retrouve avec des variantes dans plusieurs tantras :
n?sti d?k?asamo mok?o, na vidy? m?t?k?par?
na prakriy?para? jñ?na?, n?sti yogas tv alak?yaka?
« Il n’y a pas de délivrance égale à l’initiation,
pas de Mantra supérieur à l’alphabet,
pas de connaissance supérieure à celle du cosmos,
par de yoga (supérieur) à l’absence de visée. »
Ce verset est extrait du Svacchanda Tantra XI, 199, mais il se retrouve à l’identique dans l’Uttarasûtra IV, 51 de la Nishvâsatattvasamhitâ, qui semble plus ancienne.
Il affirme d’abord que l’initiation (dîkshâ) est le rituel le plus important. Ensuite, l’alphabet (sanskrit) est la « matrice » de tous les mots, et des Mantras. Elle est donc la manifestation sonore de la Conscience universelle, elle est cette Conscience sous forme verbale. Et dans cette Matrice, « a » est le phonème le plus important, symbole de Shiva qui infuse tout, sans qui rien n’est possible.
Je traduis prakriyâ par « connaissance du cosmos », comme dans la traduction de Goodall. Ce terme est en effet un abrégé de l’expression shad-adhvâ-prakriyâ, « la pratique des six cheminements ». Il s’agit d’une sorte de « grille » qui permet de décrire la totalité de la manifestation, donc du cosmos, au sens où l’entendaient les Anciens. Elle inclut les 36 tattvas, qui sont à la fois des niveaux de conscience et des éléments de toute expérience.
Le yoga suprême est le yoga de « l’absence de visée » (alakshyaka), l’attitude où l’attention ne se fixe sur aucun objet, intérieur ou extérieur. C’est la méditation de Shiva, les cinq sens grands ouverts, muet à l’intérieur.
Voilà donc ce que le Tantra propose : un rituel, un Mantra, une gnose et un yoga.
Cela étant, dans le Tantra ésotérique, il y a quatre autres aspects essentiels, que je décris sous forme de quatre yogas dans mon livre Les Quatre yogas, avec l’Anthologie qui l’accompagne.