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Le corps est-il une maladie ?


 

Ramana Maharshi écrit :

« Ceux qui ne réalisent pas que le corps est la maladie fondamentale qui engendre les autres maladies, désirent cette maladie au lieu de la craindre et ils s’efforcent de perpétuer cette forme… » (Guruvacakakovai, 232)

« Comme il est dit dans les Ecritures, notre plus grave maladie est le corps, la ‘maladie de naître’, et prendre des remèdes pour le renforcer et prolonger sa vie, c’est comme un homme qui prend des médicaments pour renforcer et prolonger sa maladie. » (Day by day, 18 janvier 1944)

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Ces propos me choquent. Ils expriment un dualisme extrême du corps et de l’esprit : Le corps n’a rien à voir avec l’esprit. Il n’est ni sauvé, ni transmuté. Il est un fardeau qu’il faut se presser de jeter (« anxiously looking forward…when he can throw off his burden » id.). Et Ramana rejette toute médecine, tout effort ou pratique pour nourrir le corps. Sauf la cuisine, art qu’il semblait apprécier, allez savoir pourquoi.

C’est ce rejet qui me semble maladif. Voire dans le corps une maladie ? C’est un extrême. Certes, le corps, comme tout, se transforme. Mais il y a d’autres corps. En perpétuelle transformation. Cette poésie de la nature semble totalement faire défaut à Ramana, et à l’Advaita Vedânta en général. On y trouve peu d’intérêt pour la vie, la nature, les insectes (y-compris les vilaines tiques, un fléau récent par chez moi, mais proliférant), les vivants.

Pourtant, Ramana aimait les vivants, il a construit des tombes pour une vache (passe encore), pour un chien (!!) et pour un corbeau (!!!). 

Je crois qu’il y a deux Ramanas. Ou plutôt, c’est ce que j’observe depuis que j’ai rencontré son enseignement en 1988. L’un est ascète, il rejette tout, il suit la pente du Vedânta ascétique et voit tout en noir (illusion, tromperie, folie, etc.). L’autre aime nourrir les singes, cuisiner et papoter, il s’émerveille de tout comme d’une magie et ne passe pas un jour sans se promener dans la nature. 

Cette dualité se retrouve dans ses enseignements : d’un côté, l’expérience de l’énergie de la conscience « comme une dynamo électrique », tout est manifestation de la conscience ; de l’autre, tout est illusion, il n’y a « que la conscience », immobile et abstraite, il n’y a plus rien, plus de mouvement. Il n’y a jamais eu de synthèse chez Ramana.

Il est difficile de ne pas tomber dans les extrêmes du dualisme.

Et du coup, au bout du compte je préfère résolument le Tantra, même s’il a ses travers avec ses superstitions et ses quêtes ridicules. Car il est plus inclusif, englobant, généreux, il honore davantage de vérités.

Plus concrètement, la question est celle du mouvement. 



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