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9-1. Se maintenir plein n’est pas conforme au Soi


Pourquoi le toujours plus de bien est contradictoire avec le bien être. Comment faire le lien entre Lao zi et Carl Gustav Jung.

 

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chí ér yíng zh? bù rú qí j?

Conserver – [conj.] – Être rempli – [liaison] – Pas – En conformité avec – Son – Soi-même

 

?[chí] signifie tenir, maintenir, garder, supporter, conserver ou s’opposer.  ?[yíng] signifie être rempli, être plein de ou avoir un surplus de, Cf. 4-1. ? [rú]signifie comme si, en conformité avec ou être aussi bon que (dans des phrases négatives), Cf. 5-5. ? [j?] qui signifie lui-même, soi-même, le sien ou personnel. A noter dans certaines retranscription le caractère quasi-similaire ? [y?] qui signifie stopper, cesser, se terminer ou alors déjà, ainsi, après cela, Cf. 2-1.

 

Traductions :

Qui saisit et remplit sans cesse, il ferait mieux de s’arrêter, savoir s’arrêter au bon moment, à temps / Il vaut mieux renoncer à remplir un(e) vase/bol/coupe (jusqu’à ras bord) que de vouloir le maintenir (plein d’eau) sans que rien découle.

? « Mais qui veut tout retenir sans pouvoir maintenir, il ferait mieux de s’abstenir» (Père Claude Larre)

? « S’abstenir vaut mieux que saisir et remplir.» (Henning Strom)

? « Arrête-toi d’accumuler » dit laconiquement Jean Levi et ce pourrait en effet être le simple sens de cette phrase alambiquée : ne pas conserver (les objets), ne pas être rempli (de concepts, de préjugés) afin de retrouver le contact avec soi-même, se donner une chance de pouvoir accéder à son Soi.

 

 

Vous souvenez-vous de ce qui lui arrive ensuite dans le film
The meaning of life (Le sens de la vie) des Monty Python ?

 

 

Contre-sens ?

Cette phrase a donné du fil à retordre aux traducteurs et les interprétations sont légions : ainsi, en chinois, le terme de vase ou de bol n’apparaît pas, de même que la locution adverbiale « sans cesse », la précision « jusqu’à ras bord » ou le verbe « déborder ».  Le verbe s’arrêter n’apparaît pas non plus, sauf à remplacer ? [j?] par ? [y?] comme dans certaines retranscriptions mais se posera alors le problème du sens (ou plutôt du non-sens) de ?[qí] voire de toute la seconde partie de la phrase construite sur une négation.

 

? Se maintenir plein n’est pas conforme au Soi

Traduire??, littéralement « son soi-même » par la notion transcendante de Soi peut surprendre et l’on pourrait y préférer un plus classique « n’est pas conforme à sa nature ». Reste que l’Orient n’a pas attendu Carl Gustav Jung ou le courant existentialiste pour évoquer cette notion de Soi, qui s’assimile alors au Tao, au Brahman ou à l’?tman, bref, à l’Absolu et à ce que nous appelerions – avec Maître Eckhart – Dieu.

 

Réflexions :

1. Selon Wikipedia « L’?tman est un terme sanskrit et un concept de la philosophie indienne ?stika. Celui-ci a le sens de pure conscience d’être ou de pur « je suis ». Ce terme désigne traditionnellement le vrai Soi, par opposition à l’ego (aha?k?ra). » L’ego souhaite être le plus rempli possible, le plus grand, le plus beau, celui qui sent le plus le sable chaud… Cette « boursouflure », cette tension permanente, cette illusion, empêche évidemment d’accéder au fond des choses.

2. Un ballon rempli d’air est dans le paraître et la fragilité. Sa finalité est d’être gonflé pour le bonheur des enfants mais son essence est dans le plastique souple et vide.

3. Dans le courant existentialiste, toujours selon Wikipedia, le soi désigne une existence propre indépendamment de ce qui peut en être perçu. « L’homme existe pour lui même, il doit lui même donner un sens à sa vie en s’imaginant dans le futur, il se distingue ainsi des objets qui n’existent qu’en eux-mêmes » (Sartre, l’Être et le Néant)  Est-il utile de préciser que cette approche égocentrique « futuriste » n’est pas celle de Lao Zi ?

4. « Personne ne peut arriver à sa perfection, dans la connaissance comme dans la vie, à moins qu’il ne suive le modèle de la pauvreté volontaire ou soit intérieurement pareil à un tel pauvre. Ceci est, pour tous les hommes, le meilleur. » (Maître Eckhart, Œuvres, p.81)  La simplicité volontaire est conforme au Soi.

5. « Le Dao du spontané est comme un arbre. Plus il accumule de substance, plus il s’éloigne de la racine. Moins il en accumule, plus il se rapproche du fondement. Accumuler, c’est s’éloigner de sa vérité […] ; se contenter de peu, c’est saisir le fondement. » (Wang Bi, cité par Anne Cheng, p.330)

 

Le Mendiant

 

PS : Très belles fêtes de Pâques… mais attention au trop plein de chocolat !

 

 

 





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