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9-2. Être toujours tendu ne permet pas de durer


Pourquoi l’élastique finit par lâcher. Comment le lâcher-prise est mesure de préservation.

 

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chu?i ér ruì zh? bù k? cháng b?o

Conjecturer – [conj.] – Être vif – [liaison] – Pas – Pouvoir – Longtemps – Protéger

 

?[chu?i] signifie estimer, conjecturer, figurer, supposer. ?(?) [ruì]signifie acéré, fin, vif, perçant, piquant, pénétrant, la vigueur ou l’esprit combatif, Cf 4-3 ?[k?] signifie approuver, pouvoir, nécessité (de faire quelque chose), en mesure de (faire quelque chose), valoir la peine (d’être fait) ou avoir besoin (d’être fait), Cf. 1-1.  ? [b?o] signifie protéger, défendre, préserver, maintenir, garder, garantir ou assurer.

 

Traductions :

Si on essaye souvent une lame tranchante, si l’on aiguise/affile (sans cesse, sans relâche) une lame/une épée/un couteau/un outil, on ne peut pas la/le conserver (tranchante) longtemps – Qui bat/martèle sans cesse un glaive et sans cesse l’aiguise, la lame/son tranchant en sera vite usée, ne peut durer longtemps – Un tranchant (trop) aiguisé ne peut rester longtemps affilé, ne peut que s’émousser,

?  Aucune traduction !

? Shi Bo clarifie l’image du fer que l’on aiguise sans cesse par l’idée du perfectionnisme. Il est clair que ce qui est sans cesse tendu ne peut longtemps faire illusion avant de craquer…

 

 

Contre-sens ?

Lame, glaive, pointe, main, épée, fer ou couteau : autant de mot qui ne figurent simplement pas dans le texte chinois ! A l’exception de Jean Levi, de Marc Haven et de Conradin Von Lauer, tous les autres traducteurs brodent une jolie métaphore de la lame qui s’use… mais ces deux derniers reprennent l’idée du « tranchant aiguisé » qui n’est pas non plus dans le texte originel… Avec son « Qui trop affûte émousse » Jean Levi limite les risques mais s’éloigne également des caractères chinois.

 

? Être toujours tendu ne permet pas de durer

Un esprit aiguisé n’est pas conforme à la durée. Conjecturer (sans cesse) et être toujours acéré ou combatif ne permet pas sa préservation

 

Réflexions :

1. « Jusqu’où devons-nous ne pas aller trop loin ?  A quel moment le développement devient-il contradictoire avec l’épanouissement ?  Le mal-être ambiant n’est-il pas en partie lié à cette course incessante contre soi-même ?  Et surtout : qui a intérêt au « toujours plus » ?  L’homme ou bien le système ? » (Benoît Saint Girons, L’Obsession de la performance)

2. Est-il sage de vouloir toujours monter plus haut au risque, comme Icare, de se brûler les ailes ?  De se mettre sur la pointe des pieds au risque, comme le souligne Lao Zi,  de ne plus arriver à « se tenir droit » ? Est-il bien prudent de tirer sans cesse sur notre élastique corporel ou cérébral ?  Pascal, dans ses Pensées, est sans ambiguïté : «  [Si l’homme ] veut toujours être tendu, il n’en sera que plus sot, parce qu’il voudra s’élever au dessus de l’humanité, et il n’est qu’un homme, au bout du compte, c’est-à-dire capable de peu et de beaucoup, de tout et de rien : il n’est ni ange ni bête mais homme […] L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. » (Extrait de conférence)

3. « Souplesse et faiblesse sont conformes à la vie. Rigidité et force sont conformes à la mort. »  (Lie Zi) Voir aussi 10-2.

4. « Ils sont toujours en train de chercher quelque chose. Mais quoi ? Les Blancs désirent constamment quelque chose. Ils sont sans cesse troublés et agités. Nous ne savons pas ce qu’ils veulent. Pour nous, ce sont des fous. » (Chef indien à Carl Gustav Jung, cité par Eckhart Tolle, p. 92)

 

Le Mendiant





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