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 » L’attente est une forme de mièvrerie, un irrespect envers l’instant. Elle sous…


 » L’attente est une forme de mièvrerie, un irrespect envers l’instant. Elle sous-entend que ce qui se passe maintenant n’est pas intéressant. « Aujourd’hui ma vie ne vaut rien, mais demain elle sera superbe. » Ou, selon les psy­chismes : « Aujourd’hui ma vie ne vaut rien, mais demain ce sera encore pire. »

Dans les deux cas, c’est un manque de respect envers ce qui se passe maintenant. Il n’y aura pas de demain. Il y a de fortes chances pour qu’on se fasse écraser avant demain, donc il n’y a pas de temps pour un projet.

Se rendre compte que la vie est trop riche, trop brève pour avoir le temps d’accomplir quoi que ce soit. Com­prendre cela profondément, c’est s’apercevoir qu’il n’y a rien à accomplir. Si je sais devoir mourir dans une demi-heure, qu’ai-je à accomplir ? Rien.

Que se passe-t-il alors ?

Je me donne complètement à la merveille de vivre cette demi-heure, de respirer, de sentir, d’entendre, de penser, de percevoir. Rien n’est plus beau qu’être présent. Et c’est la seule manière de vivre.

Attendre, c’est avoir la prétention de la survie du corps dans le futur… Tous les gens qui ont des accidents de voiture pensaient avoir un futur. Cela n’a pas de sens.

Vivre comme si l’on allait mourir l’instant d’après. Cela n’empêche pas, si nécessaire, le projet fonctionnel d’ouvrir un agenda, programmer un séminaire dans cinq ans, prévoir de faire ceci ou cela dans dix ans. Mais c’est une croix sur un papier, ce n’est pas quelque chose que l’on attend. D’ici là, tout aura changé. C’est quelque chose de conceptuel, libre de tout poids affectif.

Pour le travail, c’est la même chose. Sur un certain plan, on travaille pour vivre, pour gagner de l’argent, pour payer son loyer. Mais, à un certain moment, on se libère de cela —sinon il y a toujours une forme de marasme.

Quand on est dans l’action, la seule possibilité de trouver une tranquillité, une harmonie, c’est de se donner totalement à ce que l’on fait. Je vais peut-être me faire écraser avant de toucher la paie à la fin du mois I Donc, je ne mets pas de projet là-dedans. Je suis dans le travail, je mets de côté les concepts « difficile » ou « facile », je mets de côté l’idée que j’aimerais avoir le travail que je mérite, etc.

Si je n’ai pas la mièvrerie d’attendre quoi que ce soit de la vie, je m’aperçois que ce qui est là maintenant est ce qu’il me faut — pour la bonne raison qu’il n’y a rien d’autre, que c’est ma seule réalité, que tout le reste est imaginaire.

Mais tant que j’ai un projet, l’idée que si je fais ceci je vais arriver là, je ne suis jamais présent. Voir le mécanisme. « Demain, ce soir, après-demain, quand je serai comme ceci, quand j’aurai cela, quand je ne serai plus comme ça, la vie sera intéressante. » Et puis on meurt I Quand on voit cela clairement, il se passe quelque chose de fondamental : on ne peut plus avoir de projet psychologique, on ne peut plus attendre quoi que ce soit de la vie.

On est heureux maintenant.  »

Eric Baret

www.bhairava.ws




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18 Commentaires

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  1. Merci pour ce partage plein de sagesse et de simplicité, une citation bruxelloise dit : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué »
    Le compliqué c’est se lever en râlant déjà car tout va s’arranger mais quand ?? Ce n’est jamais comme Je veux, tout m’énerve, et c’est déjà le Soir. J’ai traversé le parc en courant presque, avec mes yeux fixés sur mon brol » =le smart phone, sans rien percevoir de cette magnifique journée, j’en suis crevé.
    Le simple signifie le non divisé et le sourire du cœur est déjà là au réveil, et aussi durant la promenade paisible au parc, tous les sens en éveil et émerveillé dans la perception d’un chant d’oiseau et de la sensation du vent sur la peau tandis qu’un stressé me dépasse en vitesse son brol en main

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Rédiger par Eric Baret

Victor Truviano (ES – sous-titré FR)

Aveugles à la Lumière